Une croissance soutenue nécessaire pour les grands pays d’Europe pour assainir les finances publiques

Croissance soutenue

La dette publique des quatre plus grandes économies de la zone euro va bondir en 2020 et rester élevée dans un avenir prévisible. Le changement de paradigme en faveur d’un assainissement budgétaire axé sur la croissance souligne l’importance de reprises rapides et de perspectives de croissance solides.

La lutte contre la pandémie de Covid-19 a obligé les gouvernements européens à assouplir leur politique budgétaire et à emprunter massivement en 2020, ce qui suscite des inquiétudes quant à l’évolution de la dette souveraine après le choc.

L’analyse sur les objectifs budgétaires dans le cadre des plans budgétaires de l’Union économique et monétaire (UEM)-4 pour 2021 conduit à deux conclusions principales.

Premièrement, les budgets proposés reflètent le changement de paradigme de l’UE qui consiste à compter sur la croissance plutôt que sur l’austérité pour parvenir à l’assainissement budgétaire.

Deuxièmement, les prévisions officielles supposent une impulsion budgétaire efficace et durable des plans de relance, malgré des défis tels que le vieillissement de la population et les coûts d’ajustement liés à l’environnement. Toutefois, nous pensons qu’une croissance moins soutenue, même avec des politiques budgétaires expansionnistes, empêchera les gouvernements de l’UEM-4 de ramener les ratios de la dette publique à leurs niveaux d’avant la crise dans un avenir prévisible.

La dette publique va atteindre des niveaux records

La dette publique devrait atteindre des niveaux records cette année dans l’UEM-4 en raison de la crise Covid-19. Scope s’attend à ce que la dette publique augmente de 9 à 23 points de pourcentage dans les quatre économies, pour atteindre un total pondéré de 107 % en 2020, contre 90 % du PIB fin 2019.

Les déficits budgétaires dans l’UEM-4 se sont creusés à des degrés similaires sous l’effet de la pandémie de 2020, mais les raisons de cette augmentation sont très différentes. Le rôle dominant du soutien budgétaire discrétionnaire en Allemagne contraste avec l’impact des stabilisateurs automatiques, tels que la baisse des recettes fiscales et l’augmentation des dépenses pour les programmes de chômage partiel, en France, en Italie et en Espagne, induits par des récessions plus sévères dans ces dernières économies.

L’augmentation substantielle des ratios de la dette publique en France, en Italie et en Espagne, de plus de 20 points de pourcentage cette année, reflète le double impact d’une forte contraction de la croissance et d’une baisse automatique du solde primaire, qui est beaucoup plus important que les effets de création de dette des mesures budgétaires discrétionnaires.

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Les gouvernements doivent miser sur la croissance, plutôt que sur l’austérité, pour réaliser l’assainissement budgétaire futur

La stabilisation puis la réduction des ratios d’endettement des quatre gouvernements selon les prévisions du FMI dépendent de la rapidité avec laquelle les gouvernements procèdent à des ajustements budgétaires malgré des estimations moins généreuses du FMI concernant la croissance future par rapport aux prévisions des gouvernements nationaux. Les gouvernements eux-mêmes comptent sur la croissance, plutôt que sur des ajustements budgétaires rapides, pour parvenir à l’assainissement budgétaire, en s’appuyant sur des scénarios optimistes concernant le potentiel de croissance à long terme de leurs économies, en raison des effets supposés permanents des mesures de relance budgétaire sur la croissance.

L’accent mis sur la relance budgétaire est un moment historique dans l’élaboration des politiques économiques de la zone euro, avec un changement de paradigme par rapport à l’ancien paradigme de restriction budgétaire vers une dépendance plus durable à l’égard de politiques favorables à la croissance. Il convient de saisir l’occasion d’augmenter le potentiel de croissance en tenant compte des risques que les prévisions de croissance se révèlent toutefois trop optimistes.

Des prévisions officielles optimistes dans les plans budgétaires de 2021

Les quatre gouvernements s’attendent à une augmentation significative de la croissance au cours des prochaines années. Les responsables italiens prévoient un taux de croissance moyen de 2,7 % en 2022-24, contre 0,9 % trois ans avant la crise, et le gouvernement espagnol a relevé ses prévisions de croissance à plus de 4 % d’ici 2023, contre 2 % en 2019. D’autres prévisions restent plus prudentes, la croissance prévue convergeant plus rapidement vers les taux potentiels d’avant la crise.

Les autorités espagnoles prévoient un doublement et les autorités italiennes même un triplement de la croissance au cours des trois prochaines années par rapport aux taux de croissance d’avant la crise. Les incertitudes concernant les multiplicateurs budgétaires, les risques liés à la mise en œuvre des projets et les défis structurels tels que la baisse de la croissance de la productivité et le vieillissement des sociétés font peser des risques sur les prévisions officielles.

Le plan de relance massif de l’UE, qui prévoit 750 milliards d’euros pour la période 2021-2016, stimulera l’investissement. Dans le même temps, les fruits des investissements dans les infrastructures ou de l’augmentation des dépenses d’éducation ne se feront sentir que dans un avenir plus lointain.

Les fonds de l’UE soutiendront une transition verte plus rapide, mais la réalisation d’importants objectifs sociaux à long terme, tels qu’une main-d’œuvre plus éduquée et plus qualifiée, nécessitera une grande persévérance en termes de progrès des réformes si l’on veut relever durablement la croissance.

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